lundi 18 février 2013

Le Pape n’en peut plus, vive le Pape !


Je n’ai jamais été très à cheval sur les prophéties et je n’ai jamais vraiment porté dans mon cœur les prophètes voyant en eux un triste essaim d’escrocs spirituels ou d’illuminés bons à être enfermés. Enfin … à des exceptions près, car, à bien séparer le bon grain de l’ivraie, on s’aperçoit qu’un Nostradamus, qu’un Cayce ou qu’une Vanga voyaient parfois juste. Ces noms, selon que nous nous trouvions en Russie ou en France, font plus ou moins l’objet de reportages alarmistes, de nouvelles recherches visant à mieux capter les virages eschatologiques auxquels l’humanité serait promise. Fascinés, voire un brin apeurés au démarrage, on s’en lasse vite par la suite.

Le nom de Malachie, prophète de la Papauté, est nettement moins connu. Ce n’est guère de ce grand Prophète hébreu du Vème siècle, rédacteur du Livre de Malachie qui a bien sa place au cœur de l’Ancien Testament que j’ai l’intention de parler mais bien de Malachie d’Armagh, Evêque d’Irlande, bénédictin. Celui-ci avait laissé 111 devises extrêmement laconiques et peu accessibles à une compréhension littérale. Chaque devise caractérise les 111 Papes qui devraient venir après l’époque de Malachie et jusqu’à la fin de la Papauté préfigurée par l’avènement du 112-ème Pape. Or, à en croire ce classement, Benoît XVI serait l’avant-dernier successeur de Saint-Pierre avant que le catholicisme ne s’effondre définitivement. « De la Gloire de l’Olive » : ainsi est-il désigné, allez réaliser pourquoi.

Quelles que soient les interprétations qui puissent venir à l’esprit, la démission de Benoît XVI, annoncée le 11 février et prévue pour le 28 février pose plus de questions qu’elle n’amène de réponses. Rien ne semblait présager un dénouement qui, dans toute l’histoire du catholicisme, n’a eu que quatre précédents motivés quant à eux par des raisons foncièrement politiques, l’un des Papes se refusant à partager le Saint-Siège entre Rome et Avignon, d’autres se sentant limités dans l’exercice de leurs pleins pouvoirs comme ce fut le cas de Célestin V, traumatisé par le joug du roi de Naples. C’est sans compter que Benoît IX avait proprement « vendu » son Siège à Grégoire VI. Qu’en est-il aujourd’hui ?

On nous annonce que Benoît XVI, ce Pape extrêmement ferme et jugé par d’aucuns rétrograde outre mesure, démissionne pour des raisons de santé. Bon, à 85 ans, on se plaint forcément de telles ou telles misères accumulées ce qui ne signifie guère que l’on puisse s’arroger le droit de renoncer à une mission qui, pour le Pontife, n’est pas que de ce monde. Le cas échéant, Jean-Paul II aurait dû se sauver au grand galop dès lors que sa maladie prit le tournant qu’on lui connaissait durant les dernières années de sa vie. De la même façon, on nous annonce que le Pape ne se sent plus apte à faire front aux défis récuremment lancés à l’Eglise, elle qui pâtit de cette sempiternelle querelle des Anciens et des Modernes, des traditionnalistes et des réformateurs. Et pourtant, pourrait-on rétorquer, cette querelle remonte aux Années du Concile Vatican II, elle n’a rien, en soi, d’extraordinaire et ne relève plus guère que d’un mouvement d’inertie.

La Pape, aurait-il battu en retraite ? Déserté le champ de bataille alors que le catholicisme est en danger ? Par analogie lointaine, je repense au dernier Tsar que beaucoup condamnent voyant en lui un déserteur, quelqu’un qui a abdiqué au profit d’un frère qui ne pouvait déjà plus prendre le relai. Le sujet est délicat, mais je crois que cette comparaison, si approximative qu’elle soit, n’est pas dénuée d’une certaine cohérence. Si l’on condamne Nicolas II, pourquoi, dans la même optique, ne pas en faire autant du Pape ?

Cela étant, quoiqu’en disent certains journalistes malavisés ou foncièrement malveillants, le droit canon stipule le droit, pour un Pontife, d’abdiquer pour une raison de force-majeure. Si donc le droit en question n’exclut pas l’échéance en question, c’est qu’il sous-entend d’emblée l’existence de motifs suffisamment sérieux pouvant pousser un Pape à se dédire. Ceux-ci semblent en effet nombreux, car, franchement, aurait-on pu envisager il y a encore quelques années de là que la problématique des mariages homos célébrés dans les églises pourrait défrayer les chroniques ? Qui aurait-pu croire que l’Occident se poserait (presque) en défenseur des Pussy Riot ? Or, qui dit Occident, devrait dire judéo-christianisme. Qui dit Occident, devrait dire valeurs judéo-chrétiennes, donc, valeurs ancrées dans le respect de l’Histoire. Oublierait-on que la France a toujours été et au demeurant a vocation à rester la fille aînée de l’Eglise ? Que faire face au droit-de-l’hommisme anticlérical auquel nous assistons actuellement ? Face au démantèlement systématique en mode accéléré de l’institut familial ? Quelle place au catholicisme dans ce tourbillon nihiliste enrobé de tentations libérales … certes, irrésistibles au premier regard ?

Vous me pardonnerez sans doute de reprendre l’information avec un peu de retard, mais le cas abject des Pussy Riot a eu l’effet d’un boumerang puisqu’il a frappé de plein fouet Paris. Le 14 février, soit trois jours après l’annonce faite par Benoît XVI, huit activistes du mouvement Femen ont profané Notre-Dame de Paris. Elles s’y sont introduit seins nus, slogans anti-papaux et homophiles sur le dos, curieusement, en anglais. Non contentes d’avoir profané l’un des plus hauts-lieux de la France, ces créatures se sont évertuées à tabasser les gardiens, deux d’entre eux s’étant retrouvés en arrêt de travail. Qui sont ces filles, se demande-t-on à juste titre ? Des folles furieuses à la libido dénaturée ? Des névrosées en pleine phase de syndrome dissociatif hystérique ? Probablement. C’était d’ailleurs aussi le cas des Pussy Riot, tant et tant chouchoutées par les médias occidentaux et surtout, ai-je la triste impression, par les médias français. L’histoire des Femen a débuté mardi. Ces huit femmes (sept Françaises et une Ukrainienne) avaient été expulsées manu militari de la cathédrale et envoyées au commissariat le plus proche pour vérification d’identité. POINT. Il semblerait que l’épopée n’aille pas plus loin ce qui, en confirmation de ce qui a été avancé par Yves Pozzo di Borgo et rapporté récemment par l’Express, pourrait indiquer qu’il y a eu dès le départ instrumentalisation de ce spectacle agressif et malsain par le gouvernement, soucieux de diaboliser l’Eglise et l’ensemble des croyants opposés au mariage homo. Une réaction violente de leur part aurait dû les discréditer aux yeux des grands libéraux … coup apparemment raté. Coïncidence ou non, la loi sur le mariage pour tous avait été définitivement adoptée mardi, jour de l’intrusion. Coïncidence ou non, la police a fait preuve d’une indulgence sans pareille alors que l’action des Femen avait entraîné des séquelles physiques avérées et choqué l’opinion publique dans un lieu de culte. Certains évoquent un raisonnement tordu, des conclusions prématurées. Je demeure quant à moi réservée pour la simple et unique raison que l’affaire semble avoir été étouffée. Allez donc maltraiter les forces de l’ordre ailleurs et en d’autres circonstances, vous serez vite amenés à le regretter.

Au beau milieu de ce spectacle déconcertant, de cette tragédie racinienne dans laquelle la raison devrait l’emporter sur la passion, on voit un Pape vieux de 85 ans, criblé de dettes spirituelles accrues ces trente dernières années sous le pontificat de son prédécesseur, qui se décide à quitter la scène. Marre de l’hypocrisie qui règne au sein de l’Eglise romaine, marre de ces prêtres qui ne pensent qu’à conquérir les sympathies des sociétés actuelles au détriment de la Foi, marre, marre, marre … Et il tire sa révérence. Humblement. Dignement.

Cette image fort obscure de la gloire de l’Olive, ne renvoie-t-elle pas à celle du Jardin des Oliviers où Jésus, à deux pas de sa Gloire, vint prier ? Je ne sais à qui appartient cette explication trouvée par hasard sur un site théologique mais elle semble tenir la route. Si le pontificat de Jean-Paul II a inauguré le stade de la décatholisation (pour exemple, inauguration en 1995 de la plus grande Mosquée de l’Europe à Rome), celui de Benoît XVI a inauguré le stade de la déception. A quel stade en sera-t-on avec le prochain Pape ? Seul Malachie aurait pu nous éclairer …

Françoise Compoint

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