samedi 17 novembre 2012

Ce qui se passe dans la tête des rappeurs qui improvisent


IRIB- Des neuroscientifiques américains ont observé leur cerveau par IRM. Ils espèrent mieux comprendre les processus cérébraux à l'origine de la créativité. La science cherche depuis longtemps à percer les mystères de la créativité. Les grands progrès de l'imagerie cérébrale ont ainsi ouvert la voie à un vaste domaine de recherches consistant à identifier les zones du cerveau activées ou mises en veille lors des processus créatifs. Des neuroscientifiques de l'Institut national sur la surdité et les désordres de la communication, au Maryland, se sont penchés sur un cas bien précis: l'improvisation libre dans le rap. L'exercice, très prisé chez les amateurs de hip-hop, consiste à inventer des rimes au fur et à mesure qu'on les déclame sur un rythme donné (appelé «beat»).

Les chercheurs ont donc soumis 12 rappeurs - ayant au moins 5 ans d'expérience - à des IRM cérébrales. Les sujets, équipés d'écouteurs diffusant une musique instrumentale sur 8 mesures, devaient alors rapper successivement un texte appris par cœur et des rimes improvisées. En phase d'improvisation, les rappeurs ont présenté une augmentation de l'activité dans le cortex préfrontal médian, une zone du cerveau qui semble gérer l'intuition. Deux autres zones étaient au contraire inhibées: le cortex orbitofrontal et le crotex préfrontal dorsolatéral. Le premier gère la censure et le second la planification des tâches.

Pas de filtre cérébral

«Il semble qu'il y ait un relâchement des fonctions d'exécution et de l'attention ciblée au profit de processus libres de toute censure», résume le Dr Allen Braun, un des auteurs de l'étude parue jeudi dans Scientific Reports . Les rappeurs sont alors dans un état de «complète immersion dans le processus créatif», écrivent les chercheurs. L'absence apparente de filtre cérébral permettrait à «de nouvelles connexions, idées et associations d'apparaître plus naturellement sans être réprimées», pense le Dr Braun. L'équipe confirme ainsi des résultats déjà observés en 2007 chez des musiciens de jazz.

Le Dr Siyuan Liu, auteur principale, aimerait maintenant s'intéresser à la «deuxième étape du processus créatif, que nous avons baptisée phase de révision ou de raffinement, pendant laquelle nous pensons que les sujets modifient ce qu'ils ont d'abord produit pour l'améliorer». Elle espère ainsi mettre sur pied un premier modèle cohérent du processus créatif du point de vue de l'activité cérébrale.



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